La quoi ? bin la sélection des munitions !

Vaste sujet et base absolue de toute précision. Nos belles petites carabines sont particulièrement sensibles au choix des munitions et à leur sélection. Aucune carabine n’a le même résultat avec des munitions identiques.

En résumé, une munition 22Lr est manufacturée avec une précision relative, et les conditions de fabrication, la température, l’humidité de l’air, le réglage de la machine et la cadence ne sont pas toujours totalement identiques, sans compter la possible usure des matrices, il y a donc des variations entre 2 lots de munitions de la même marque et du même modèle.

Un lot de munitions, c’est environ, suivant les marques, entre 30.000 et 40.000 munitions. Il est évident et obligatoire qu’il y ait des différences de qualité entre la première munition et la dernière.

On ne peut hélas pas faire des scores avec des munitions premier prix. Si c’était possible les champions du monde le feraient, et ils ne le font pas.

Pourquoi faire des tests de munitions ?

On peut définir le groupement comme une série de 10 impacts dont les extérieurs du trou se touchent en faisant un cercle de 12 mm maximum, c’est donc plus petit qu’une pièce de 1ct et sans flyer (un flyer est une balle qui sort du groupement).

Les besoins de groupements sont différents d’un tireur à l’autre, certains sont très contents avec un cercle de dispersion (c’est le nom savant du groupement) qui fait 8 cm ou plus et d’autres hurlent s’il dépasse les 12 mm. La totalité des munitions du marché doit pouvoir faire cet exploit… en théorie.

En réalité, c’est très difficile de faire un groupement de 12 mm autrement que dans un tunnel de tir. Difficile mais pas impossible.

En circuit national 22 hunter en 2014 à Toulouse Bessière, j’ai vu un tireur faire un 250, soit 25 tirs dans un cercle de dispersion de 12mm. Il avait une CZ.

L’exigence de 12mm correspond au 9 de la cible de 22 hunter match. Si toutes les balles rentrent dans ce cercle, c’est obligatoirement un 250/250. Etienne Laboute au championnat du monde est sorti une seule fois de ce cercle et a donc fait 249/250, le champion du monde actuel n’a pas mieux fait, c’est simplement le nombre de mouches qui les a départagés.

Le débutant, en principe, choisit les munitions les moins chères possible. Je n’ai jamais compris pourquoi. En réalité, plus on monte en gamme et moins on a besoin d’entrainement, car la munition de qualité a l’immense avantage de faire de meilleurs résultats immédiatement.

Beaucoup s’entrainent avec des munitions peu chères pour faire des économies, et tirent en compétition des munitions plus chères. C’est une immense erreur et une erreur coûteuse pour finir car vous n’arriverez jamais à faire grouper une « munition bas de gamme ». Elle va provoquer inévitablement des flyers (voir plus haut) et vous ne saurez jamais pourquoi vous avez raté le 10, Si c’est la balle, si c’est le vent ou si c’est votre coup de doigt ou une mauvaise position etc etc.

L’autre erreur des débutants est de choisir des balles très rapides, c’est une erreur balistique. La courbe idéale balistique pour le 50 m ne s’accommode pas d’une balle rapide. Je vais citer par exemple le cas de RWS qui a des munitions R50 pour le 50 mètres et des R100 pour le 100 mètres et ce n’est pas un hasard.

Comment faire un test de munition

Le pire du pire étant la balle cuivrée, cette dernière est réservée à la chasse (interdite en France avec une 22LR). La pire, car il vous faudra obligatoirement des produits pour enlever le cuivre, plus pour enlever le plomb et pour enlever le plomb et le cuivre. J’ai tout ça en magasin et ça fonctionne très bien mais ça revient finalement cher. Ensuite, elles sont trop rapides pour du 50m. La vitesse proche de l’idéal est 331m/s

Il y a 3 méthodes, de la meilleure à la pire :

1. Dans le stand de tir d’une marque.
2. Dans un tunnel de tir ou stand de test d’un armurier ou d’un club (pas plus de 2 ou 3 en France) c’est magique. https://www.recht.fr/article.php?art=4353-banc-de-test
3. Dans son propre stand s’il y a des jours sans trop de vent, plutôt inférieur ou égal à 5km/h.
4. En choisissant une marque de munitions uniquement sur sa réputation.
5. En demandant à son armurier favori des bonnes munitions
6. En choisissant une marque sur les conseils d’un ami qui a testé sur sa propre arme mais qui est forcément différente de la vôtre. Comme disait Jean Louis Espinet, un canon, une munition.

De 1 à 3 c’est une bonne méthode, à partir de 4 c’est de la rigolade.

La solution 1 est le passage obligé des compétiteurs de haut niveau, la 2 est en principe le meilleur rapport/qualité prix. La 3 est très facile et ça procure un plaisir immense quand on trouve le bon lot.

Choisir un jour calme, pas trop ou peu de tireurs dans le stand, le matin de préférence avec le minimum de vent. Et surtout pas sans aucun vent, à cause des couches d’air et de leur portance. Une toute petite brise régulière est une condition idéale. C’est totalement impossible dans certains stands,  il faut alors se rabattre sur la solution 2, qui est assez abordable pour le résultat obtenu soit 49€ + le prix des munitions testées,  gratuit si achat de 2500 munitions.

Le minimum d’achat que je conseille pour un lot c’est 5000 munitions soit une caisse, j’ai déjà fait la grosse erreur de n’en avoir acheté que 2500 alors que j’avais un lot magique, je le regrette encore.

Le jour se lève donc et vous voilà en place avec vos cartons de test qui sont gratuitement disponible sur le site club50-60.com pour toute commande.

L’indispensable girouette

C’est l’outil indispensable pour faire ses tests. Une girouette avec une hélice de préférence. Ensuite, on vérifie avec un anémomètre et on mémorise visuellement la vitesse de l’hélice et la position de la queue. Et on ne tire qu’à la seule condition que l’hélice tourne mollement. Dés que cette condition n’est pas remplie, le test est à refaire, soit un autre jour, soit plus tard.

C’est parti…

La carabine est la plus coincée possible devant et derrière, parfaitement à l’horizontale, trépied de benchrest, sac de sable etc etc

Tir de chauffe ou flambage. 5 balles pour un canon léger, 10 ou plus pour un canon match ou varmint. Il faut donc tirer canon chaud.

La visée se fait sur le petit point en bas du cercle. Et on clicke 17 fois le bouton up sans bouger la carabine. Du coup quand on revient en visant le petit point les impacts rentrent dans le cercle de 12 millimètres.

On a au préalable commandé 4 boites de lots différents. Précisez à l’armurier que c’est pour faire des tests de munitions.

3 premiers tirs, les impacts se touchent, on continue 2 de plus sur le même petit cercle.

Les impacts ne se touchent pas , on change de lot. Et on passe au lot suivant.

Et on recommence 3 fois ou plus le même scénario. Si au bout des 3 ou 4 séries il y a un ou plusieurs lots qui sort du cercle, on les élimine, ils serviront pour les tirs de chauffe.

Donc la bonne surprise est le petit trou bien rond qui rentre dans le cercle sans flyer. A ce moment là appelez immédiatement l’armurier et réservez le lot. Ce qui veut dire que dès réception des munitions à tester il faut se rendre au stand pour faire les tests. Il m’est déjà arrivé d’avoir la réponse qui tue, il n’y en a plus.

Il y a encore beaucoup à dire sur le sujet, mais le principal est là.

Daniel Buisson